SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL
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1. VUE D'ENSEMBLE

En septembre 2000, des inondations ont détruit les cultures de riz de mousson dans les régions du centre et du sud de la République démocratique populaire lao. Elles ont également touché les pays voisins, le Cambodge et le Viet Nam. Les provinces les plus touchées ont été celles de la zone rizicole du pays et, notamment, celles de Bolikhamsay, Khammuan et Savannakhet. En outre, la production de riz a subi d'importants dommages à Attapeau et à Champassak, où l'insécurité alimentaire est relativement plus grande. Compte tenu des dégâts provoqués par les inondations et de l'inquiétante menace de pénuries alimentaires, une mission conjointe FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires s'est rendue dans le pays du 10 au 24 février, à la demande du gouvernement. Le principal objectif de cette mission était d'évaluer la situation globale des approvisionnements en riz et les éventuels besoins d'aide alimentaire pour la campagne de commercialisation de 2001 (janvier/décembre). Les conclusions de la mission s'appuient sur des entretiens menés avec des membres du gouvernement et des institutions des Nations Unies ainsi que sur des visites de terrain effectuées dans les provinces productrices de riz qui sont en difficulté, notamment celles de Bolikhamsay, Khammuan, Savannakhet et Attapeau. Étant donné l'importance croissante de la municipalité et de la province de Vientiane sur le plan commercial, la mission s'est également rendue dans ces régions pour déceler d'éventuelles répercussions sur les marchés.

La mission a noté que le maintien de l'orientation adoptée ces dernières années par le gouvernement, désireux d'accorder une place prépondérante au développement agricole, s'est traduite par une augmentation notable de la production de riz; les agriculteurs ont adopté de plus en plus largement des variétés à haut rendement et augmenté les surfaces consacrées aux cultures irriguées de saison sèche. De plus, malgré les inondations survenues au cours de la dernière saison des pluies, les précipitations ont été dans l'ensemble satisfaisantes et ont permis une production généralement favorable. Légèrement plus faibles qu'en 1999, elles sont tombées normalement dans la plupart des principales provinces rizicoles. De plus, les dommages subis par l'agriculture en 2000 ont été moins importants que les pertes infligées par les inondations à d'autres pays - notamment le Cambodge et le Viet Nam - et que les effets des terribles inondations qui avaient meurtri le pays en 1991 et 1996. S'appuyant sur les données officielles concernant la production de la saison des pluies de 2000 ainsi que sur une prévision provisoire touchant la saison sèche de 2001, la mission évalue la production de riz usiné pour la campagne de commercialisation en cours à 1,28 million de tonnes. Il faut ajouter à ce chiffre le volume promis ou livré pour 2001 au titre de l'aide d'urgence ou dans le cadre d'un programme bilatéral, soit environ 22 000 tonnes. La quantité totale de riz disponible s'élèvera à approximativement 1,3 million de tonnes, volume qui devrait permettre, selon les estimations, de couvrir entièrement les besoins d'utilisation.

La mission note toutefois que la zone consacrée aux cultures de saison sèche pourrait ne pas répondre à toutes les attentes, en raison des dégâts infligés aux pompes et structures d'irrigations par les inondations, ainsi que du coût élevé des pompes et des autres intrants, susceptible de décourager les producteurs. Étant donné que la production de la saison sèche pourrait compter pour beaucoup dans la quantité totale de riz disponible, et exercer une influence déterminante sur les besoins, il a été recommandé de procéder à une nouvelle évaluation au moment de cette récolte afin de vérifier la situation générale des approvisionnements alimentaires.

Bien que, selon les estimations actuelles, la situation de la République démocratique populaire lao touchant l'approvisionnement en riz doive être dans l'ensemble satisfaisante, il est peu probable que les couches les plus défavorisées de la population puissent en bénéficier, dans la mesure où l'intégration au marché et le développement commercial laissent encore beaucoup à désirer. Ils sont en effet freinés par d'énormes problèmes de transport et d'accès, par la mauvaise circulation de l'information, par le fait également que la production de riz est essentiellement affectée aux besoins de subsistance et que les revenus agricoles sont faibles. L'ensemble de ces facteurs, auxquels il faut ajouter la précarité des systèmes de culture et l'absence de bonnes stratégies d'adaptation, font que les ménages vivant dans les régions dans lesquelles les inondations ont dévasté la totalité de la production de riz vont être exposés à de graves pénuries alimentaires. Ces personnes auront besoin d'une aide extérieure qui leur permette de tenir jusqu'à la prochaine récolte. Pour répondre à leurs besoins, la mission s'est appuyée sur l'étude de vulnérabilité que le PAM a effectuée en collaboration avec le gouvernement et d'autres partenaires. Selon cette analyse, 450 000 personnes auraient été touchées l'an dernier par les inondations et 390 000 d'entre elles n'auraient pas accès aux cultures de saison sèche. Selon les données de référence provenant des villages, 170 000 personnes se trouveraient provisoirement dans un état d'insécurité alimentaire à cause des inondations. Ces personnes vont connaître un déficit alimentaire pendant en moyenne six mois et, pour 52 pour cent d'entre elles, pendant plus de huit mois. Pour couvrir les besoins alimentaires de ces groupes vulnérables, la mission préconise la fourniture de 15 000 tonnes de riz, dont 8 680 tonnes ont déjà été prises en compte au titre des programmes d'urgence EMOP 6300 et 6311. Jusqu'à la mi-février, ce sont presque 3 000 tonnes de riz gluant qui ont été fournies à 111 000 bénéficiaires dans 266 villages.

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2. LE SECTEUR AGRICOLE ET L'ÉCONOMIE

La République démocratique populaire lao est un pays enclavé, bordé au nord par la Chine, à l'est par le Viet Nam, au sud par le Cambodge, et à l'ouest et au nord-ouest par la Thaïlande et le Myanmar. Il est richement pourvu en forêts, bien qu'une grave déforestation, touchant une grande superficie, ait épuisé une grande partie de cette richesse naturelle. Il possède également de vastes réseaux fluviaux, dont le plus important est le Mékong, fleuve qui constitue une frontière naturelle avec la Thaïlande et le Myanmar. Ces très nombreux fleuves représentent une immense réserve d'énergie hydroélectrique. La République démocratique populaire lao possède environ 25 pour cent de la superficie totale de cette zone fortement productrice qu'est le bassin du fleuve Mékong, qui s'étend sur presque 90 pour cent de son territoire.

Dès 1986, une série de réformes en matière de politique économique ont amorcé la transition d'une économie planifiée à une économie de marché. Les anciennes entreprises publiques ont notamment été privatisées sur une grande échelle, au point que, selon les estimations officielles1 à disposition, leur nombre serait passé de 800 en 1990 à 29 en 2000. L'agriculture pratiquée dans les zones rurales constitue le principal moyen de subsistance pour la majorité de la population, ce qui explique que développement agricole et développement économique sont étroitement liés. Le gouvernement a pour objectif prioritaire, dans ces régions, de développer l'accès aux marchés, d'améliorer les systèmes de crédit agricole et de micro-financement agricoles, d'étendre le réseau d'irrigation et de renforcer le transfert de technologies.

L'agriculture (qui comprend également la sylviculture et la pêche) est le principal secteur économique. Sa part dans le PIB est de plus de 50 pour cent, même si elle a quelque peu perdu de son importance relative depuis le début des années 1990. Dans ce secteur, la place la plus importante revient à une agriculture de subsistance, orientée essentiellement vers la production rizicole de saison des pluies et, dans une moindre mesure, de saison sèche. La politique agricole de ces dernières années, soucieuse d'augmenter la production de riz, a accordé une large place au développement des cultures irriguées de saison sèche. Résultat des importants investissements consacrés à l'irrigation et aux services d'appoint, la superficie ensemencée en riz de saison sèche aurait, selon les estimations officielles, presque quintuplé entre 1996 et 2000.

Dans un contexte caractérisé par une grande diversité géographique et de grandes possibilités d'accès aux ressources et aux marchés, on observe des différences notables entre les diverses régions du pays en ce qui concerne les possibilités de développement agricole. Il existe, pour simplifier, deux zones importantes sur le plan agro-économique, chacune possédant son propre type d'économie agricole et ses propres ressources; d'une part les plaines, relativement bien développées, et d'autre part les hautes terres, en pente, caractérisées par la prédominance d'une agriculture de subsistance et la difficulté d'accès. Dans les plaines, dans le droit fil de la politique gouvernementale, les forces du marché dynamisent le développement économique en s'appuyant sur la croissance du secteur commercial. Les principaux obstacles restent néanmoins le manque d'information sur les marchés et de réseaux, l'absence de contrôle de la qualité, l'insuffisance des crédits et des transferts de technologie, surtout dans les zones rurales les plus reculées. Étant donné le caractère non dynamique de l'agriculture de subsistance qui se pratique dans les hautes terres - peu d'intrants, une production faible - , la mauvaise qualité de l'infrastructure et la limitation des accès aux marchés, la plus grande partie de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Les principaux freins au développement agricole dans ces régions sont les difficultés d'accès, la mauvaise qualité de l'infrastructure, le caractère insuffisamment développé des marchés, l'inadaptation des institutions, notamment du crédit agricole, l'insuffisance des transferts de technologie et le trop faible développement du système d'irrigation.

2.1 Évolution de la production de riz

Jusqu'à une époque récente, la production agricole était trop faible pour permettre de subvenir aux besoins de la population et de dégager un excédent pour l'exportation. La production vivrière et l'autonomie ayant bénéficié d'une attention toute particulière au cours des cinq dernières années, la production aurait, selon les estimations officielles, sensiblement augmenté.

La superficie consacrée aux cultures de saison sèche a beaucoup augmenté, passant de quelque 18 000 hectares en 1996/1997 à 92 000 hectares en 1999/2000. La zone désignée pour la récolte de 2001 est de 120 000 hectares, dont 94 000 ont été utilisés pour le repiquage, selon les estimations du ministère de l'agriculture. Au cours de la même période, la superficie ensemencée en riz de saison des pluies (riz des bas-fonds et riz des plateau) est quant à elle passée de 535 000 à 630 000 hectares. Pendant la saison des pluies de 2000, ce sont 519 000 hectares qui ont été ensemencés dans les régions de plaines dont 44 000 ont été saccagés par les inondations;152 000 hectares supplémentaires ayant été cultivés dans les régions situées en altitude, la superficie récoltée pendant la saison des pluies atteint au total 627 000 hectares. Voir graphique 1.

Outre le fait que le gouvernement tient à accroître la superficie rizicole, notamment pendant la saison sèche, l'intensification de la productivité agricole revêt également une importance primordiale dans la lutte contre la pauvreté et la malnutrition. Jusqu'à il y a peu, la culture du riz se caractérisait par de faibles rendements, imputables à la pauvreté des sols, aux variétés de riz utilisées et à de nombreuses autres difficultés. Grâce à l'adoption de variétés offrant un meilleur rendement, à une utilisation plus judicieuse des engrais, une amélioration notable des rendements, et par conséquent de la production, a été enregistrée.

Le graphique 2 indique la productivité par hectare.


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3. PRODUCTION DE RIZ EN 2000/2001

3.1 Les systèmes de culture du riz

En République démocratique populaire lao, la plupart des agriculteurs cultivent le riz pour leur propre subsistance. Les plus importantes régions productrices se trouvent dans le centre du pays, et comprennent notamment la province de Savannakhet, la municipalité et la province de Vientiane, ainsi que les provinces de Khammouan et de Borikhamxay. Il existe trois grands types de culture du riz: la culture de basses-terres et celle de plateau pendant la saison des pluies, et la culture de saison sèche. On cultive diverses variétés de riz pendant la saison des pluies, mais la proportion de variétés à haut rendement s'est accrue de façon spectaculaire; selon les estimations en effet, ces variétés n'étaient cultivées en 1990 que sur 5 pour cent de la superficie en zone humide, alors que ce chiffre se situe aujourd'hui entre 60 et 70 pour cent. La culture irriguée de saison sèche se pratique exclusivement avec des variétés à haut rendement. Le graphique 3 montre le calendrier cultural des différentes variétés de riz.

Graphique 3. RDP lao: Calendrier de la culture du riz

Saison
des
pluies
Variété de riz
Jan.
Fév.
Mars
Avr.
Mai
Juin
Juil.
Août
Sept.
Oct.
Nov.
Déc.
Variéte à cycle court
                       
- Prép. des terres
                       
- Semis
                       
- Repiquage
                       
- Récolte
                       
Variété à cycle moyen
                       
- Prép. des terres
                       
- Semis
                       
- Repiquage
                       
- Récolte
                       
Variété tardive
                       
- Prép. des terres
                       
- Semis
                       
- Repiquage
                       
- Récolte
                       
Riz de
saison
sèche
Riz de saison sèche
                       
- Prép. des terres
                       
- Semis
                       
- Repiquage
                       
- Récolte
                       

3.2 Régime des pluies et inondations en 2000

Malgré les inondations qui se sont produites pendant la dernière saison des pluies, les précipitations ont dans l'ensemble été favorables aux cultures de riz de mousson (ou de saison des pluies), ce qui a permis d'obtenir une production satisfaisante. Légèrement plus faibles qu'en 1999, année record pour la production de riz, les pluies sont tombées avec une intensité moyenne sur la plupart des principales provinces rizicoles. Voir le graphique 4.

Les inondations de l'an dernier sont imputables à deux phénomènes précis. Dans certaines régions, les effets conjugués de fortes précipitations et du niveau élevé de la surface de la nappe phréatique dans les régions proches du fleuve Mékong ont provoqué de graves engorgements, qui ont eux-mêmes entraîné des inondations, en raison d'un écoulement des eaux manifestement insuffisant dans les régions de plaines. Ce phénomène serait responsable de la moitié des pertes des cultures de riz, la destruction de l'autre moitié pouvant être attribuée directement aux inondations provoquées par le fleuve Mékong, dont l'intensité a été amplifiée par les cyclones et les typhons du mois de septembre dernier.

En 2000, le fleuve Mékong a atteint son niveau le plus haut en août/septembre, dépassant pendant une courte période la cote d'alerte en aval. Le graphique 5 indique les niveaux du fleuve en 1996 et 2000, la grave inondation de l'année dernière et la cote d'alerte maximale.

Les dégâts subis par l'agriculture n'ont pas été aussi importants que les destructions imputables aux inondations dans d'autres pays, en particulier le Cambodge et le Viet Nam, ni que ceux que le pays avait connus en 1991 et 1996, suite à des inondations dévastatrices (voir le graphique 6).

Étant donné la précarité des systèmes de culture et l'absence de bonnes stratégies d'adaptation, les ménages vivant dans les régions dans lesquelles les inondations de l'an dernier ont dévasté la totalité de la production de riz vont cette année être exposés à de graves pénuries alimentaires.

3.3 Production de riz aquatique en 2000

Le riz aquatique de mousson se cultive essentiellement dans le bassin du fleuve Mékong. La culture est essentiellement pluviale, bien que certains endroits bénéficient d'autres possibilités d'irrigation. Les sols des plaines, relativement fertiles en raison des dépôts alluviaux, sont souvent pauvres en matières organiques et acides. On utilise le fumier organique, mais d'une manière qui n'est pas judicieuse eu égard aux besoins nutritifs des plantes. L'utilisation des engrais chimiques est également limitée, en raison du risque d'inondations d'une part, de l'absence de crédits agricoles d'autre part. D'après les estimations, les engrais ne seraient utilisés qu'à raison de 10 kg par hectare. Il s'agit essentiellement d'urée, de phosphate d'ammonium ou d'un composé (15 : 15 : 0). Le phosphore est un élément nutritif limitant dans une grande partie du pays et exerce une forte influence sur l'efficacité des engrais, surtout de l'azote, étant donné la faible utilisation du phosphate.

L'utilisation de variétés améliorées se généralise; leurs rendements, même sans engrais, sont supérieurs à ceux des variétés locales.

Les inondations constituent la principale menace pour les cultures de mousson dans les plaines; sur les dix dernières années, six ont été marquées par les dommages qu'elles ont - avec une intensité variable - fait subir à la production (voir le graphique 5). Au cours de la saison des pluies 2000, on a cultivé 520 000 hectares de paddy aquatique, dont 43 000 ont été entièrement détruits par les inondations et 950 par les ravageurs. Compte tenu de ces pertes, la production totale de paddy en 2000 est estimée à 1,55 million de tonnes.

3.4 Production de riz de plateau en 2000

Dans les régions d'altitude, l'agriculture se caractérise essentiellement par une faible utilisation d'intrants et par une faible production. Les terres utilisées se trouvent dans des régions peu productives et la production est totalement tributaire des précipitations. La technique utilisée est celle de la culture sur brûlis. La durée moyenne des rotations a fortement diminué au cours des dernières décennies, ce qui a eu des répercussions sur la productivité et la production.

La récolte de riz de plateau a été satisfaisante, grâce à des précipitations favorables. Les quelque 152 000 hectares de riz cultivés dans les hautes terres pendant la dernière mousson ont donné une production de 259 000 tonnes. La production totale de paddy de mousson, pour les plaines et les hautes terres, est donc estimée à 1,8 million de tonnes.

3.5 Production de riz de saison sèche en 2001

La superficie affectée à cette culture cette année est de 120 000 hectares. Les cultures en cours ont été repiquées fin décembre/début janvier et les visites de terrain effectuées par la mission pour les examiner ont annoncé une récolte prometteuse. Il faut cependant noter que les dégâts infligés par les inondations aux pompes et structures d'irrigation, ainsi que le coût élevé - susceptible de décourager les agriculteurs - de ces pompes et d'autres intrants risque cette année de limiter les zones de cultures du riz de saison sèche. En outre, compte tenu du fait que la récolte n'aura pas lieu avant deux mois, on doit se contenter pour l'instant d'une estimation provisoire de la production. Compte tenu de tous ces facteurs, la mission a donc utilisé les chiffres moyens des superficies moissonnées et des rendements des trois dernières années (1998-2000) pour établir sa prévision concernant la production de saison sèche de cette année. Sur cette base, elle estime la production de paddy de la saison sèche à 316 000 tonnes. Elle souhaite également que la FAO et le PAM effectuent conjointement une évaluation des rendements de la saison sèche pendant la récolte, au mois d'avril, afin de réexaminer la situation concernant la production et les stocks disponibles.

La quantité de paddy dont on devrait pouvoir disposer pour 2001, comprenant la production 2000 de la saison des pluies, dans les plaines et sur les plateaux, ainsi que le volume prévu pour la saison sèche de 2001, est estimée à environ 2 128 millions de tonnes (voir le tableau 1).

Tableau 1. RDP lao - Production de paddy de 1998/1999 à 2000/2001

   
1998/1999
1999/2000
2000/01
Superficie moisson-née
(en milliers d'ha)
Rendement (tonnes/ha)
Production
(en milliers de tonnes)
Superficie moisson-née
(en milliers d'ha)
Rendement (tonnes/ha)
Production
(en milliers de tonnes)
Superficie moisson-née
(en milliers d'ha)
Rendement (tonnes/ha)
Production
(en milliers de tonnes)
Plaines
430.3
2.9
1 249
477.2
3.15
1 502
475.6
3.27
1 553
Plateaux
134.2
1.59
214
153.4
1.61
247
152.1
1.70
259
Saison sèche 1/
53.0
3.99
212
87.1
4.07
354
77.3
4.10
316
Total
617.5
2.83
1 675
717.6
2.94
2 103
722.5
3.07
2 128
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4. SITUATION DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE DE RIZ

4.1 Le marché du riz

Dès le début du processus de réforme économique en République démocratique populaire lao, le gouvernement a eu pour objectif majeur de développer une économie de marché performante. La privatisation des anciennes entreprises publiques et la promotion accrue des relations commerciales, tant nationales qu'internationales, ont été le fer de lance de cette démarche. Le secteur privé joue aujourd'hui un rôle plus important dans la distribution des intrants agricoles ainsi que dans l'achat et la commercialisation du riz. Malgré cette évolution, l'intégration au marché et le développement commercial laissent encore à désirer, ce qui s'explique surtout par d'énormes problèmes de communication et d'accès, par la mauvaise qualité de l'information sur les marchés, par le fait que la culture du riz reste essentiellement une culture de subsistance, enfin par la faiblesse des revenus agricoles. C'est ainsi que, surtout dans la population rurale défavorisée, la capacité d'intégration au marché et de réaction aux signaux de ce marché - notamment aux prix - demeure extrêmement faible.

La demande de riz en République démocratique populaire lao reflète la préférence du consommateur pour le riz gluant, qui représente 96 pour cent de la consommation totale de riz. Cette préférence est en outre plus prononcée chez les ménages des régions rurales que chez ceux des villes, et dans les provinces du nord que dans celles du centre et du sud. Le marché du riz non gluant réagit à la présence des travailleurs émigrés des pays voisins, surtout du Viet Nam. Si les préférences et les revenus des consommateurs influent sur la demande des ménages, l'autre facteur prépondérant est la croissance de la population, qui détermine le jeu de la demande globale. Le taux de croissance démographique étant actuellement de 2,5 pour cent par an, on peut prévoir que la demande globale de riz va augmenter de 18 000 à 20 000 tonnes par an.

Le riz étant principalement cultivé sur des lopins individuels et essentiellement destiné à satisfaire les besoins alimentaires des ménages, il ne s'en vend que relativement peu. Les estimations disponibles provenant d'études 2socio-économiques indiquent que 87 pour cent de l'ensemble des stocks des ménages sont destinés à la consommation, 5 pour cent utilisés pour les semis et approximativement 8 pour cent vendus. Ces études ayant toutefois été effectuées pendant des années où la production a été relativement bonne (1997/1998), il est probable que l'excédent commercialisable est inférieur à 8 pour cent. Étant donné que seule une petite partie de la production est commercialisée et que l'intégration au marché et les communications restent fort peu développées, on observe d'importantes variations de prix d'une province à l'autre.

4.2 Bilan de l'offre et de la demande de riz pour 2001

Le bilan de l'offre et de la demande de riz pour la campagne de commercialisation de 2001 (janvier/décembre) s'appuie sur les paramètres et les hypothèses suivants:

Le bilan concernant le riz est détaillé dans le tableau 2.

Tableau 2. RDP lao - Bilan de l'offre et de la demande de riz en 2001 (en milliers de tonnes)

Réserves du pays
1 277
- Production
1 277
Utilisation totale
1 299
- Utilisation alimentaire
965
- Autres utilisations (semences, fourrage, pertes)
229
- Augmentation des stocks et exportations
105
Aide alimentaire annoncée
22
Besoins d'importation
0

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5. BESOINS D'AIDE ALIMENTAIRE EN 2001

Le bilan du tableau 2 montre qu'en 2001 l'approvisionnement en riz de la République démocratique populaire sera dans l'ensemble satisfaisant. La sécurité alimentaire peut cependant tous les ans être compromise par des catastrophes naturelles telles que les inondations et les sécheresses, et reste donc précaire pour un très grand nombre de personnes vulnérables dont la situation oscille entre la subsistance et l'insécurité alimentaire. Ce sont ces personnes qui devront en priorité bénéficier d'une aide alimentaire en 2001.

5.1 Analyse de l'insécurité alimentaire au Laos

L'insécurité alimentaire au Laos se définit en fonction du degré d'autosuffisance en riz, puisque le riz est l'aliment de base et représente la quasi totalité de la consommation céréalière dans la consommation locale. Bien que la situation rizicole ne présente cette année aucun problème, on observe, selon les régions, des variations pour ce qui est de la production et de l'accès au riz. Neuf des 18 provinces et 69 des 141 districts du pays connaissent encore des pénuries alimentaires. Si l'on ajoute à cela le mauvais état des infrastructures, et la faiblesse des revenus fondés sur des ressources naturelles ou des activités autres que celle du secteur agricole, le pouvoir d'achat des populations touchées par un déficit alimentaire est extrêmement restreint.

La version préliminaire d'une enquête portant sur les ménages4 établit que quelque 27 pour cent d'entre eux sont confrontés tous les ans à des pénuries de riz, tandis que l'étude du LECS de 1997/98 estimait que 30 pour cent environ des ménages sont en-deçà du seuil de pauvreté alimentaire. En outre, les indicateurs de santé et nutritionnels révèlent de graves problèmes, touchant d'importants segments de la population. Plus de 40 pour cent des enfants sont sous-alimentés, et le taux de mortalité infantile est de 82 pour mille naissances vivantes.

Comme dans la plupart des pays en développement, l'accès au riz et aux denrées alimentaires, - et par voie de conséquence ses difficultés ou son impossibilité - dépend étroitement des ressources naturelles et de la géographie, surtout pour la populations rurale démunie. On peut schématiquement distinguer dans la République démocratique populaire, en ce qui concerne l'économie alimentaire et l'accès aux denrées alimentaires, six régions déterminées selon des facteurs géographiques. La délimitation de ces régions s'effectue principalement à partir de leur situation spécifique en matière d'accès aux denrées alimentaires. La détermination de ces aires d'économie alimentaire rend possible l'analyse de la vulnérabilité et l'évaluation des besoins alimentaires, qu'ils soient chroniques ou relevant d'une situation d'urgence. Les principales zones sont celles-ci:

5.2 Zones d'économie alimentaire et accès des ménages aux denrées alimentaires

Se fondant sur les zones d'économie alimentaire, une analyse de la vulnérabilité indique que les personnes les plus exposés à un déficit alimentaire chronique se trouvent principalement dans les hautes terres, bien qu'il existe également quelques groupes vulnérables dans les plaines. Cette analyse se fonde sur un ensemble de paramètres - notamment l'accès aux denrées alimentaires (riz, forêt, commerce et bétail) - et d'indicateurs sociaux (santé et éducation). Une évaluation participative de la pauvreté récemment effectuée au Laos par la Banque asiatique de développement dans une centaine de villages révèle que les populations les plus démunies habitent dans les régions d'altitude. Le fait de «disposer d'une quantité suffisante de riz» a été l'indicateur le plus fréquemment invoqué par les villageois pour apprécier leur situation. L'accès des ménages aux denrées alimentaires est extrêmement médiocre dans ces régions, tout comme ce qui a trait à la santé, à la nutrition et à l'éducation. Alors que la population des hautes terres connaît d'importants déficits en riz, celles des plaines souffre d'une pénurie alimentaire chronique avant la récolte. Ainsi que nous l'avons signalé plus haut, 1,5 million d'individus entrent dans la catégorie des personnes souffrant d'une insécurité alimentaire chronique.

Une étude macro-économique fondée sur l'enquête sur les dépenses et la consommation au Laos a simultanément révélé que 30 pour cent environ de la population du pays vit au dessous du seuil de pauvreté. soit approximativement 1,59 million de personnes sur une population estimée pour 2001 à 5,3 millions d'individus. Le déficit alimentaire annuel a été calculé à partir du niveau de pauvreté et représente à peu près 1 mois et demi de déficit.

Comme dans les régions touchées par une situation d'urgence, ces populations pratiquent principalement les cultures pluviales de basses terres. Seuls 13 % des ménages d'agriculteurs ont la possibilité d'irriguer leurs cultures. La plupart des années, ils sont en mesure de subvenir à leurs propres besoins et n'ont besoin d'aucune aide. Les inondations de 2000 ayant entraîné de graves déficits alimentaires, ils ont provisoirement besoin d'une aide. Ceux qui ne peuvent pas pratiquer l'agriculture de saison sèche ni mettre en _uvre d'autres stratégies d'adaptation vont vraisemblablement être contraints de recourir à des expédients inacceptables (emprunts élevés, vente de biens de valeur, etc.). Cette catégorie regrouperait 450 000 personnes.

5.3 Méthode utilisée pour déterminer l'aide alimentaire nécessaire aux personnes régulièrement touchées par les inondations

Dans le cadre de la situation d'urgence, on a classé les régions touchées par les inondations en fonction de l'importance de la superficie rizicole détruite, puis rapporté celle-ci à la superficie totale ensemencée ainsi qu'à la totalité des rendements, ce qui a permis de déterminer le déficit par habitant dans les villages. La comparaison des résultats obtenus avec les niveaux relatifs d'insécurité alimentaire chronique et de pauvreté qui caractérisent ces régions a permis ensuite de sélectionner un premier groupe de villages. La troisième étape, consistant à déterminer le groupe définitif de villages devant bénéficier de l'aide alimentaire
du PAM, a exigé un minutieux travail de vérification - mené à l'échelon de la province, du district et du village - de la part des équipes de terrain du PAM et du gouvernement. Les villages dont les habitants disposent de bonnes stratégies d'adaptation n'ont pas été pris en compte, l'aide alimentaire du PAM n'étant prévue que pour les villages souffrant d'un déficit important (de plus de 4 mois à 10 mois) et dont les stratégies d'adaptation sont inefficaces. Deux phases ont été prévues, la première étant une distribution immédiate de vivres dans les régions touchées organisée dans le cadre d'activités du type «vivres pour le relèvement», la seconde faisant appel à des programmes vivres-contre-travail dans un petit nombre de villages très pauvres. De petites quantités de vivres (environ 1000 tonnes) ont été distribuées, immédiatement après les inondations, par d'autres organismes, comme la Croix-Rouge du Laos.

Fondés sur l'analyse ci-dessus, les tableaux 3 et 4 indiquent la totalité des besoins d'aide alimentaire et les opérations d'aide alimentaire en cours.

Tableau 3. RDP lao - Estimation du nombre de personnes souffrant d'un déficit alimentaire et des besoins alimentaires en 2001

Groupe
Nombre de
personnes
Déficit alimentaire
(en tonnes de riz)
Personnes touchées par une insécurité
alimentaire chronique
1 500 000
21 000
Groupes sociaux (handicapés, orphelins, etc.)
150 000
(déficit pas encore estimé)
Victimes des inondations en 2000
450 000
15 000

Tableau 4. RDP lao - Aide alimentaire bilatérale et du PAM en 2001 et besoins qui ne sont pas satisfaits

Groupe
Nombre de personnes
Aide prévue (en tonnes de riz)
Besoins non satisfaits
(en tonnes de riz)
Personnes touchées par une insécurité alimentaire chronique (PAM uniquement)
100 000
3 000
18 000
Personnes touchées par les inondations en 2000 (8 000 tonnes couvertes par le PAM, le reste par d'autres donateurs)
170 000
9 000
6000

En moyenne, le Japon fournit chaque année à la République démocratique populaire lao environ10 000 tonnes de riz, dont les deux tiers sont vendus sur le marché libre pour appuyer les projets de relèvement et les lignes de crédit pour les prêts agricoles. Le reste est distribué plus ou moins équitablement, à raison de 100 à 150 tonnes par province.

5.4 Autres modalités d'aide alimentaire

Les personnes touchées par une insécurité alimentaire chronique sont actuellement aidées par le biais du dispositif vivres-contre-travail du PAM, qui aide les villageois à organiser leurs priorités et utilise l'aide alimentaire pour leur permettre de mener à bien certaines activités définies par la communauté (routes, canaux, etc.). Pour la réalisation de ses projets, le PAM travaille en étroite collaboration avec le Ministère du travail et de la protection sociale ainsi qu'avec des ONG et d'autres institutions bilatérales et internationales.

Le ministère et le PAM établissent ensemble les zones d'intervention. Les ONG qui peuvent apporter des ressources complémentaires participent également à la préparation et à la mise en _uvre des projets. Une liste des districts et des villages est établie en commun, et un exercice de planification décide du type d'intervention.

Le PAM a créé une structure de coordination décentralisée avec les administrations provinciales du développement agricole, du travail et de la protection sociale, de l'agriculture et autres. Ce groupe, en accord avec les responsables locaux, prend les décisions relatives aux opérations d'aide alimentaire. Il procède à une analyse détaillée des pertes de récoltes et des stratégies d'adaptation, en utilisant à la fois les données quantitatives émanant du centre et une analyse qualitative effectuée au niveau des provinces et en déterminant leurs éléments communs.

Au cours d'une première phase, les responsables de la communauté et du PAM les activités préliminaires qui permettent d'organiser une première distribution de vivres. Puis, après une sélection encore plus poussée des villages les plus touchés, les opérations ultérieures sont soumises à une minutieuse préparation.

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6. LOGISTIQUE

Le PAM recourt actuellement aux services d'un expert international en logistique à court terme, chargé de coordonner l'opération d'urgence, le projet de développement étant quant à lui coordonné par le responsable de programmes travaillant à temps partiel. Ces responsables se chargent des achats effectués sur place et des importations d'aide alimentaire. On fait appel à des compagnies de transport privé pour la distribution des vivres.

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7. RECOMMANDATIONS A MOYEN TERME

Étant donné la fréquence des catastrophes naturelles, il importe que la FAO, le PAM et le gouvernement renforcent leurs capacités d'évaluation des dégâts occasionnés aux cultures, et en particulier les moyens d'évaluation rapide en cas d'inondation. On pourrait envisager la mise au point d'un programme conjoint FAO/PAM, axé sur le renforcement des institutions et la constitution des moyens nécessaires en matière d'évaluation des récoltes et de vérification des rendements.

Il serait également possible de mettre en _uvre une série de mesures d'atténuation des catastrophes, dont le ressort serait le renforcement des capacités au niveau des systèmes d'alerte rapide du pays et qui s'appuieraient sur divers dispositifs, comme le projet vivres-contre-travail. Dans les régions qui vivent sous la menace constante des inondations et des sécheresses, un part importante de la population est en effet proche du seuil de pauvreté. Il est donc vital de commencer par prendre des mesures d'atténuation des catastrophes, si l'on veut pouvoir prendre les mesures palliatives appropriées avant que la situation alimentaire ne soit trop grave.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des Secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser, pour tout complément d'information, à:

Abdur Rashid
Chef, SMIAR, FAO
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél:
[email protected]

John M. Powell
Directeur régional, OAE, PAM
Télécopie: 0039-06-6513-2863
Mél: [email protected]

Il est également possible de recevoir automatiquement, par messagerie électronique, les Alertes spéciales et les Rapports spéciaux, dès leur publication, en souscrivant à la liste de distribution du SMIAR. À cette fin, veuillez envoyer un message électronique à l'adresse suivante: [email protected] , sans indiquer la case "sujet" en indiquant le message suivant:

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1 The Economist Intelligence Unit Country Report 2000.

2 Social and Economic Indicators Lao Expenditure and Consumption Survey (LECS II). State Planning Committee.

3 Bien que des missions précédentes aient utilisé un taux d'extraction supérieur, les conditions actuelles et les discussions avec le gouvernement et diverses organisations impliquées dans le secteur agricole suggèrent que le taux de 60 pour cent serait mieux approprié.

4 National Health Survey of Lao PDR 2000 Preliminary Draft.